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18 novembre 2006

Ferenc Puskás : L'Adieu au Major Galopant (2)

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Quand éclatèrent les évènements de Budapest, en octobre 1956, les joueurs se trouvaient toujours en Hongrie, à Tata. Ils se préparaient pour un match contre la Suède (rencontre annulée par la suite). Les joueurs étaient quelque peu isolés par rapport au “monde extérieur” et ne réalisaient pas vraiment ce qui se passait. Le club de Honvéd quitta le pays le premier novembre sur les conseils du Premier ministre Imre Nagy, (qui avait tenté en vain d’imposer un régime à visage plus humain suite au soulèvement populaire), trois jours avant la fin de la révolution, pour aller jouer un match de Coupe d’Europe des Champions. La première rencontre devait se dérouler à Budapest mais les circonstances ne le permettaient évidemment pas. Le club joua donc le premier match à Bilbao en espérant que la situation dans la capitale hongroise s’améliorerait, Le match retour aurait ainsi peut-être lieu à Budapest. Lors de ces rencontres disputées à l´étranger, les joueurs du Honvéd prirent l’initiative de porter des brassards noirs en hommage aux victimes de la révolte. Bilbao gagna 3-2 à domicile, le match retour fut joué à Bruxelles, sur terrain neutre. Pas moins de 50 000 spectateurs avaient répondu présent ! Les deux formations se séparèrent sur un match nul 3-3 dans un terrible et symbolique brouillard. Dans l’intimité des vestiaires, les joueurs se firent des adieux déchirants après le dernier match « officiel » de cette équipe. Entre ces deux matchs face à Bilbao, le Honvéd avait joué plusieurs matchs amicaux afin de payer ses frais de voyage. Ils triomphèrent en Italie à San Siro contre le Milan AC avec un doublé de Puskás, contre Palerme (6-2 et 7-1 !) et contre Catania (9-2 !). Les informations que recevaient les joueurs de la situation dans leur pays étaient très confuses. Les médias parlaient d’un pays plongé dans le chaos. L’inquiétude et le doute constituaient les sentiments dominants entre les joueurs. Pire encore, ils n’avaient aucune nouvelle des membres de leur famille.


La situation était dans un sens très rocambolesque : le Mexique alla même jusqu'à proposer l'asile au club en lui offrant de disputer son championnat. Le nouveau pouvoir en place en Hongrie après la répression sanglante de fin 1956 exigeait le retour des fuyards. Deux seulement (dont József Bozsik) obtempèrent immédiatement. A cette époque, à l’exception de Zoltán Czibor, aucun joueur ne souhaitait pourtant poursuivre sa carrière à l’étranger, mais ceux qui finalement réussirent à faire sortir leur famille de Hongrie restèrent à l’étranger. Les joueurs qui, quelque temps après, revinrent en Hongrie (Bányai, Rákóczi, Faragó, Budai II, Kotász, …) furent suspendus pendant trois et six mois. Ferenc Puskás avait lui choisi la liberté et refusé le diktat des dirigeants communiste après avoir appris que sa femme et ses filles avaient pu rejoindre clandestinement l’Autriche à pied. Fin 1956, un vrai démêlé politique s'installa durant plusieurs semaines entre l'UEFA, la FIFA et Budapest quant au retour de l'équipe en Hongrie. Finalement le club fut déclaré hors-la-loi par la fédération internationale et Puskás désormais considéré comme un banni. Il fut suspendu dix-huit mois à la demande de la Fédération Hongroise. Privé de son travail, il vit misérablement dans un camp de réfugiés en Autriche, avec pour tout soutien financier les mandats que Laszlo Kubala, qu’il avait croisé au cours de sa carrière, lui envoyait de Barcelone, où il s’était réfugié dès 1951. Puskás a grossi de vingt kilos et a sombré dans l’alcool quand l’ancien entraîneur du Honved, Emil Osterreicher, désormais directeur technique du Real Madrid, vient le chercher. Le sauver à vrai dire puisque plus grande monde ne voulait de ce joueur considéré comme décadent et has-been. Une situation qui rebuta le Milan AC et la Juventus Turin, un temps intéressés.


L’annonce de la signature d’un « major bedonnant », désormais âgé de plus de 30 ans et qui n’en a même pas terminé avec sa suspension, déclenche un véritable tollé à Madrid. « Il a été accueilli avec scepticisme parfois avec méchanceté, expliquait à l’époque un autre Madrilène Raymond Kopa. La classe, il l’a. Ce qu’il lui manque, c’est la condition physique. Donnez-lui du temps, il fera un malheur. » Kopa ne s’était pas trompé. « Sancho », le nouveau surnom qui lui trouvèrent ses équipiers, rapport à ses rondeurs, suit un régime d’enfer et perd son excédent de poids. Il va pouvoir devenir « Cañoncito Poum » surnom choisi par les supporters du Real, rapport à sa frappe phénoménale. Durant sa première saison en Liga (58/59), il marque notamment quatre triplés dont un dès son deuxième match face au Sporting de Gijón le 21 Septembre 1958. Il allait former un fabuleux duo avec Alfredo Di Stefano, patron du jeu madrilène. Au passage, il faut noter que deux autres anciens joueurs de Honvéd avaient rejoint au final le championnat espagnol. Zoltán Czibor et Sándor Kocsis avaient trouvés refuge au Barça après pour eux aussi de longs mois de galère. Puskás allait redevenir un buteur en or sous les couleurs merengues. En 180 matches de Liga, le Hongrois allait marquer 156 buts ! En 1960/61, il réalisa un fabuleux quadruplé face à Elche et la saison suivant un quintuplé face au même club ! En 1963, il réalisa deux triplés face au Barça, un à Bernabéu et un au Camp Nou. Des statistiques exceptionnelles qui lui permirent de remporter à 4 reprises le titre de Pichichi : en 1960 (avec 26 buts), 1961 (27 buts), 1963 (à nouveau 26 buts) et enfin 1964 (20 buts). Les performances de Ferenc Puskás ne furent pas pour rien dans les cinq Ligas d’affilées remportées par les Castillans entre 1961 et 1965, sans oublier une Copa del Generalísimo décroché en 1962 face au FC Séville grâce à une victoire 2 à 1 avec deux buts de … Puskás bien sûr.


La réussite du Real s’étendait également sur la scène européenne. Puskás manqua la finale de la Coupe d’Europe 1959 que le Real enleva contre Reims (2-0), au Neckarstadion de Stuttgart. Les Allemands ne lui avaient pas pardonné des allusions à un éventuel dopage de la Mannschaft en 1954 et lui avait refusé le visa d’entrée sur leur sol. Il prit sa revanche près d’un an plus tard. En 1960, à l’Hampden Park de Glasgow, le Real disputa et remporta sa cinquième finale européenne de rang en atomisant les … Allemands de l’Eintracht Francfort (7-3). Ferenc Puskás, époustouflant, marqua quatre buts, un de plus que son camarade Di Stefano. C’était son chef d’œuvre. La même année, il marque le premier but de l’histoire de la Coupe Intercontinentale lors du succès des Madrilènes (5-1) face au Peñarol Montevideo lors de la finale aller. Le retour à l’Estadio Centenario de Montevideo se solda par un 0-0, un nouveau titre dans cette année exceptionnelle pour le Magyar. Et pourtant, il échoua à la deuxième place avec 37 points lors de l’élection du Ballon d’Or qui revint finalement au joueur du FC Barcelone, Luis Suárez (54 points). Une récompense individuelle qu’il n’obtint jamais au cours de sa carrière. A trente-cinq ans, en 1962, il inscrivit encore trois buts en finale européenne mais le Real s’inclina 5 à 3 contre le Benfica d’Eusébio. Adoré du public, le crépuscule de sa carrière durera jusqu’en 1966, où âgé de près de 40 ans, il disputa son dernier match sous le maillot blanc, terme d’une carrière ahurissante au course de laquelle il a inscrit 418 buts en matchs officiels et, sans doute, plus de mille tous matches confondus. On compterait ainsi 1 176 buts pour 1 300 disputés selon certains historiens du ballon rond. Quant on sait que Ferenc Puskás empila 358 buts en 359 rencontres sous les couleurs de Kispest, on se rend compte que ces chiffres sont plus que crédibles.

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