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RetroFoot
20 août 2009

Un Verdão aux ambitions mondiales

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PALMEIRAS


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JUVENTUS TURIN


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La Sociedade Esportiva Palmeiras, plus connue sous le nom de Palmeiras, demeure l’un des clubs les plus populaires et titré du football brésilien. Surnommé le Verdão en référence à ses couleurs vertes, véritable symbole de l’équipe, ce club atypique situé à l’ouest de São Paulo a été créé le 26 août 1914 par quatre jeunes immigrés italiens : Luigi Cervo, Luigi Marzo, Vincenzo Ragognetti et Ezequiel Simone, sous le nom de Palestra Itália. Des racines italiennes qui étaient également trahis par les couleurs du club : rouge, blanc et vert comme le drapeau transalpin. Le premier match officiel du club est disputé le 24 janvier 1915 contre un club également de souche transalpine de la ville de Sorocaba, le Savóia, une rencontre conclue par une première victoire 2 à 0 grâce à Bianco (qui participera en 1919 au premier succès du Brésil en Copa America) et Alegretti. Après ce match, le club soumet sa candidature à l’APEA, Association de Sports Athlétiques de São Paulo, pour disputer le fameux championnat de l’état de São Paulo. La Palestra obtiendra finalement sa qualification pour le championnat pauliste en 1916, après une difficile année perturbée par des problèmes administratifs. Il faudra attendre 1920 pour le club de la colonie italienne de São Paulo remporte le Paulistão, son premier titre officiel. Dans les années vingt, la première idole du club marqua de son empreinte les supporters du Verdão. L’attaquant Heitor enthousiasmait chaque week-end les nombreux supporters présents au Parque Antártica. Il reste encore actuellement le meilleur buteur de tous les temps sous le maillot alvi-verde avec plus de 200 buts à son actif (on parle même de 284 réalisations). Le tournant de l’histoire du club eut lieu en 1942, en pleine Seconde Guerre Mondiale. Le Brésil entrant en guerre au côté des Alliés, la dictature au pouvoir (l'Estado Novo de Getúlio Vargas) imposa au club de changer de nom, pour ne plus faire référence à l'Italie, pays appartenant alors à l'Axe. Le président Italo Adami accepta malgré son orgueil de renommer le club en Palestra de São Paulo. Mais le São Paulo FC qui souhaitait acquérir le Parque Antártica, mena une campagne de dénigrement en reprochant que les couleurs du maillot de la Palestra soient composés de vert, blanc et rouge, symboles de l’Italie. Devant cette pression, le président du Verdão décida d’enlever le rouge de son maillot afin que ne reste que le blanc et le vert et de changer complètement le nom de son club. C’est ainsi qu’est né le Palmeiras.


En 1951, Palmeiras fut invité à participer à une toute nouvelle compétition : la Copa Rio, créée à l'initiative de la CBD (la Fédération Brésilienne) pour tenter de raviver l'intérêt des brésiliens pour le football, quelques mois après le drame vécu en finale de la Coupe du Monde 1950. Avaient été invités à participer à ce tournoi Vasco da Gama (vainqueur du championnat de l'état de Rio de Janeiro 1950), le Sporting Lisbonne (champion du Portugal 1950/51), l'Austria Vienne (champion d'Autriche 1949/50), le Nacional Montevideo (champion d'Uruguay 1950), l'Etoile Rouge Belgrade (champion de Yougoslavie 1951), l'OGC Nice (champion de France 1950/51), la Juventus Turin (champion d'Italie 1949/50) et donc Palmeiras (vainqueur du championnat de l'état de São Paulo 1950). Ce plateau très relevé donnait à la compétition une véritable légitimité sur le plan sportif. D'ailleurs il faut signaler que les Fédération Uruguayenne et Pauliste suspendirent pendant plus d'un mois leurs compétitions respectives pour permettre au Nacional et à Palmeiras de disputer cette Copa Rio dans les meilleures conditions possibles. Dans les gazettes de l'époque, le Vasco apparaissait comme le grand favori de la compétition avec des stars comme Barbosa et Friaça, ayant participés à la finale du Mondial l'année précédente. Les Cariocas confirmèrent cette impression en survolant leur groupe au Premier Tour, infligeant au passage des corrections aux Lisboètes et à l'Austria (à deux reprises, 5 à 1) puis se débarrassant des Uruguayens du Nacional 2 à 1, une véritable machine à jouer au football d'après le malheureux coach de l'Austria. De son côté, l'autre club, brésilien, Palmeiras, débuta également bien son tournoi. Dans l'autre groupe, où les rencontres se disputaient à São Paulo, le Verdão s'imposa face à Nice 3 à 0 avec des buts d'Achilles (sur penalty), Canhotinho et Richard. Le deuxième match face à l'Etoile Rouge fut plus serré mais les Paulistes gagnèrent au final 2-1. Malgré la très lourde défaite face à la Juventus lors du dernier match de ce Premier Tour, Palmeiras terminait deuxième et s'offrait ainsi une demi-finale face au Vasco. A signaler côté français que les Aiglons ne repartirent pas fanny de leur séjour brésilien puisqu'après avoir accroché les Turinois 2-3, ils s'imposèrent devant les Belgradois 2-1 lors de leur dernière rencontre. En Demi-Finale, la confrontation 100% brésilienne tourna à l'avantage des Paulistes face au favori. Les Cruzmaltinos ne purent remonter le score de 2-1 concédé au Maracanã au match aller (0-0 au retour) avec des buts de Richard et Liminha pour Palmeiras Dans l'autre demi-finale, la Juventus, impressionnante, sortit l'Austria Vienne : 3-3, puis 3-1. On allait donc assister à une finale (également disputée sous forme d'aller/retour) au parfum de revanche après le 4-0 infligé par les Piémontais aux Paulistes lors du premier tour.


Feuille du match : Palmeiras - Juventus Turin 2-2

Buts : (1)
Palmeiras : Rodrigues (48ème), Liminha (77ème).
Juventus Turin : Karl Aage Præst (18ème), Giampiero Boniperti (53ème). 

Lieu : Rio de Janeiro, Maracanã

Date : 22 Juillet 1951

Arbitre : M. Gaby Tordjman (France)

Affluence : 100 083 spectateurs

Composition des équipes :

Palmeiras : Fábio Crippa - Salvador, Juvenal - Túlio, Luís Villa, Dema - Lima, Ponce de León (Canhotinho), Liminha, Jaïr, Rodrigues . Entr.: Ventura Cambon.

Juventus : Giovanni Viola - Alberto Bertuccelli, Sergio Manente - Giacomo Mari, Carlo Parola, Romolo Bizzoto - Ermes Miccinelli, Karl Aage Hansen, Giampiero Boniperti, John Hansen, Karl Aage Præst. Entr.: Jesse Carver.
 


Le Match :


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Cette finale proposait donc des retrouvailles entres Palmeiras et la Juventus. Des retrouvailles auxquelles ne participa pas le portier Oberdan Cattani, l'habituel numéro un, écarté après les quatre buts encaissés face à ces mêmes Turinois, au profit de Fábio Crippa. Tout un peuple s'était uni pour supporter le Verdão, seul club brésilien encore en course. Le match aller, disputé le 18 Juillet, fut épique mais il tourna à l'avantage des Paulistes grâce à un but de Rodrigues. Toujours ca de pris avant un retour qui sentait le souffre, quatre jours plus tard, au Maracanã. Plus de 100 000 spectateurs s'étaient entassées dans le grand stade carioca pour assister à une rencontre. Mais, plus que des "Palmeiras, Palmeiras", le ciel résonnait de "Brasil, Brasil". En effet, ce match dépassait le seul cadre de cette Copa Rio, c'était une façon pour les Brésiliens d'exorciser un bien funeste souvenir, celui de la finale de la Coupe du Monde 1950, qui avait plongé le pays dans, et le mot n'est pas trop fort, le deuil. L'avantage pris à l'aller par Palmeiras ne tint qu'une vingtaine de minutes, le temps pour l'ailier danois de la Juventus, Karl Aage Præst, de trouver l'ouverture et de ramener les deux équipes à égalité. Un répit de courte durée puisque Rodrigues égalisa pour les Brésiliens en trompant Giovanni Viola après une première tentative de Liminha. Mais bientôt les drapeaux brésiliens et paulistes allaient arrêter de s'agiter lorsque Boniperti marqua pour les Piémontais, faisant tomber d'un coup un silence glacial sur le stade. A la 77ème minute, la série de dribble de Liminha fut définitivement fatale à la Juventus puisqu'après avoir éliminé plusieurs défenseurs, le joueur de Palmeiras crucifia le malheureux portier italien. Plus rien ne sera marqué, les spectateurs pouvaient faire la fête jusqu'à tard dans la nuit au son des "PALMEIRAS CAMPEÃO!". Le Verdão venait de remporter cette première Copa Rio de l'histoire. Et c'est Ottorino Barassi (secrétaire général de la FIFA), en personne, qui venait remettre la coupe au vainqueur. Un vainqueur très vite affublé le lendemain dans les gazettes brésiliennes du titre de "champion du monde". Il faudra plus de 60 ans à la FIFA pour reconnaître cette compétition comme le premier championnat du monde des clubs de l'histoire, ce qui fut fait en ce début d'année 2007...


"Prolongations" :


Les arguments dans le dossier du Palmeiras pour l'officialisation de son titre de champion du monde étaient légion : la présence d'un représentant de Jules Rimet, président de la FIFA (en l'occurrence Ottorino Barassi), la légitimité sportive donnée par les critères d'invitation des clubs, la présence de nombreux journalistes envoyés au Brésil par des journaux européens avec par exemple Albert Laurence, envoyé spécial de France Football et de L'Equipe sur place. Un dossier appuyé par les déclarations de plusieurs joueurs et non pas des moindres avec par exemple Giampiero Boniperti en personne déclarant "La Copa Rio a réuni les meilleurs clubs du monde et mérité d'être considéré comme le premier mondial." ou encore de Jaïr, malheureusement décédé en 2005, "J'ai eu la chance en 51 d'être ce que je n'ai pas réussi en 50 : champion du monde". D'anciens aiglons apportèrent également leur pierre à l'édifice, par exemple Yeso Amalfi, le Brésilien de Nice passé auparavant par ... Palmeiras "Chaque équipe avait cinq, six joueurs internationaux. Ce fut une véritable rencontre de champions." ou du bien français cette fois-ci Désir Carré "Les clubs étaient champions et ce tournoi peut donc être considérer comme le 1er Mondial des Clubs". De son côté, l'ancien joueur de l'Etoile Rouge, Mrkusic Srdjan, tombait même dans le dithyrambique en déclarant "La Copa Rio a ouvert un nouvel horizon pour le football yougoslave". Sans aller jusque là, la FIFA a semble-t-il été sensible à certains de ces arguments, officialisant la Copa Rio 1951 comme le premier mondial des clubs de l'histoire.


La Copa Rio connut une seconde édition en 1952, sans Palmeiras ni d'ailleurs aucun participant de cette première édition hormis l'Austria Vienne. La finale vit une rencontre fratricide entre deux équipes brésiliennes : les Paulistes de Corinthians et les Cariocas de Fluminense. Et c'est le Flu, du grand Didi et d'un jeune appelé à devenir célèbre, un certain Telê Santana, qui emporta cette seconde édition grâce à une victoire 2-0 à l'aller puis un nul 2-2 au retour. Une deuxième édition qui fut aussi la dernière de la Copa Rio. Pour finir, hasard de l'histoire, il faut remarquer que la première édition du Mondial des clubs, estampillée et organisée par la FIFA, eut lieu en 2000 dans les villes de São Paulo et Rio de Janeiro comme la Copa Rio, 49 ans plus tôt. Cette édition 2000 vit la victoire des Corinthians au terme d'une finale à nouveau 100% brésilienne (0-0 puis 4-3 lors de la séance de tirs au but face à Vasco da Gama). Relancé en 2005, cette désormais Coupe du Monde des clubs a depuis connus deux autres vainqueurs, São Paulo et l'Internacional Porto Alegre... une vraie tradition brésilienne pour le moment en somme !

(1) Les minutes où furent marqués les buts de Rodrigues et Boniperti sont sujettes à caution, et varient parfois de plus d'un quart d'heure. D'autre part, le premier but des Turinois et parfois attribué au compatriote (et presque) homonyme de K.A. Præst, K. A. Hansen. L'histoire a peu à peu effacée ces menus détails.

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