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RetroFoot
21 août 2009

Finale Coupe de France 1983 : José Touré, le Brésilien...

toure83


PARIS SG


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FC NANTES


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La 66ème finale de Coupe de France, entre le Paris-SG et le FC Nantes, reste aujourd’hui encore comme l’une des plus belles de l’histoire de l’épreuve. Si les Parisiens signèrent à cette occasion leur deuxième victoire d’affilée, cette finale reste principalement dans les mémoires pour le but exceptionnel marqué ce soir-là par le Nantais, José Touré (photo). Resituons tout d'abord cette finale dans son contexte, les Nantais venaient de conquérir leur 6ème titre de champion, en terminant 10 points devant les Girondins de Bordeaux, avec en prime la meilleure attaque et la meilleure défense ! De plus, Vahid Halilhodzic avait finit meilleur buteur de la saison 1982/83 avec 27 buts. Côté Parisien, le PSG avait achevé le Championnat à la 3ème place, un petit point derrière Bordeaux. C'est donc une affiche de haut niveau qui compose cette finale de la Coupe de France : le champion en titre (qui pour arriver en finale avait notamment éliminé Bordeaux en 1/8, le RC Paris en 1/4, le LOSC en 1/2) contre le 3ème. Un 3ème qui se trouve être en plus tenant du titre puisque le Paris Saint-Germain avait remporté pour la première fois le Trophée Charles Simon en 1982 en venant à bout de l'AS Saint-Etienne de Platini, Rep et autres Paganelli lors de la séance de tirs aux buts : 6 à 5. (Les deux équipes n'avaient pu se départager après les 90 minutes réglementaires, 1-1, ni après les prolongations, 2 partout). Pour Nantes, il s'agissait de la 5ème finale dans une compétition qui n'avait jusqu'alors guère porté chance aux Canaris avec une seule victoire en 4 tentatives : celle de 1979, après prolongations, face à une AJ Auxerre, pas encore pensionnaire de l'élite, 4 buts à 1. Le FCN avait même par deux fois raté le doublé en 1966 (défaite 1-0 face à Strasbourg) et en 1973 (défaite 2-1 face à Lyon). La finale de 1966 avait d'ailleurs marquée directement ou indirectement pas mal des acteurs de cette finale 1983 : Jean-Claude Suaudeau, entraîneur en 1983, était sur le terrain lors de la défaite de 1966, tout comme Ramon Muller et Bassidiki Touré, respectivement pères de ... Oscar Muller et de José Touré.


Feuille du match : Paris Saint-Germain - FC Nantes 3-2

Buts : 
Paris SG : Pascal Zaremba (3ème), Safet Susic (66ème), Toko (81ème).
Nantes : Bruno Baronchelli (17ème), José Touré (41ème). 

Lieu : Paris, Parc des Princes

Date : 11 Juin 1983

Arbitre : Michel Vautrot 

Affluence : 46 203 spectateurs

Composition des équipes : 

Paris SG : Dominique Baratelli - Franck Tanasi, Jean Marc Pilorget, Dominique Bathenay (Mustapha Dahleb, 50ème), Jean Claude Lemoult - Pascal Zaremba, Luis Fernandez, Safet Susic - Toko, Dominique Rocheteau, Michel N'Gom. Entr: Georges Peyroche.

FC Nantes : Jean Paul Bertrand-Demanes - William Ayache, Patrice Rio, Maxime Bossis, Michel Bibard (Fabrice Picot, 83ème) - Seth Adonkor, Thierry Tusseau (Oscar Muller, 73ème), José Touré - Bruno Baronchelli, Vahid Halilhodzic, Loïc Amisse. Entr: Jean-Claude Suaudeau.

 

Le Match :


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Le match démarre tambour battant. 3ème minute : coup franc vicieux de Zaremba. 1-0 pour les hommes du président Borelli qui évolue à domicile au Parc des Princes. Les protégés de Suaudeau recollent peu après le quart d'heure de jeu "Ayache me lance, témoigne Baronchelli, l'auteur du but égalisateur, j'éliminé Bathenay grâce à un beau contrôle. Après je cours, je cours... J'arrive devant Baratelli et je le lobe d'une petite pichenette. J'adore cette action. C'est un de mes buts préférés. Il est en plus très important." Les Nantais, dominateurs et sûrs d'eux, prennent alors les choses en main. Et juste avant la mi-temps arrive le chef d'œuvre, le joyau de cette finale. Contrôle de la poitrine, double jonglage du pied droit devant Lemoult et Tanasi. Reprise de volée du pied gauche dans un angle fermé qui trompe Baratelli. En quelques secondes, José Touré vient d'obtenir la nationalité brésilienne. Il est comparé dans l'instant à Pelé, Zico, Socrates et aux autres génies auriverdes. Ce geste qui désormais ponctue régulièrement les rétrospectives sur la Coupe de France permettait surtout dans l'instant aux Nantais de prendre l'avantage juste avant la pause. A ce moment-là, la Coupe semble loin, très loin de Paris. Pourtant Georges Peyroche, pense sur son banc que tout n'est pas si noir. "C'est une bonne chose qu'ils aient marqué ce second but juste avant la mi-temps. Ca a permis de remettre de l'ordre chez nous." Dans le vestiaire d'à côté, pourtant, l'atmosphère est déjà très joyeuse. "Coco" Suaudeau est même obligé de calmer les joueurs, tellement ils sont excités. Malheureusement l'avenir allait montrer que Suaudeau avait raison de se méfier des ses joueurs qui s'étaient enflammés précipitamment...


La seconde période reprend comme s'était terminée la première avec une large domination des Nantais qui ratent néanmoins à plusieurs reprises l'occasion de se mettre à l'abri. Vahid Halilhodzic, meilleur buteur de D1 en 1982/83, se souvient très bien avoir raté le break d'un rien : "J'ai une occasion en or. Je dois la mettre. Je ne sais ce qui s'est passé. Je me sens coupable ! Si je marque, le score passe à 3-1, et on peut embrasser la coupe ! Jouer une finale ne se présente par tous les jours... Je n'ai pas d'excuses." Et ce qui devait arriver, arriva. A la 66ème minute, le match bascule. Le PSG égalise grâce à un chef-d’œuvre de Safet Susic, qui mystifie Adonkor et Tusseau avant de rendre fou Bertrand-Demanes d'une frappe pleine lucarne. Quelques instants plus tard, Dahleb transporte le Parc au paradis. Le funambule efface sept Nantais, dont Bertrand-Demanes, dans une chevauchée épique. Bibard sauvera sur la ligne. Un avertissement sans frais... Mais à la 81ème minute, Susic dépose une offrande à Toko qui tire et touche le Graal (3-2). "J'ai surtout eu la chance que Nambatingue soit très rapide. Je n'y suis pas pour grand-chose", confesse aujourd'hui l'humble Bosniaque. Dans les dernières secondes du match, ultime péripétie d'une finale folle disputée dans un Parc de Princes qui n'aura jamais aussi bien porté son nom, Seth Adonkor est expulsé après avoir reçu un second carton jaune. « J'ai voulu rattraper Rocheteau qui filait vers le but, mais Dahleb m'a retenu par le maillot, je me suis arrêté à moitié et on s'est heurté. Si l'on me met un carton sur ce coup-là, moi je veux bien, mais il faut alors en mettre un aussi au joueur parisien, surtout qu'il n'y a pas vraiment un geste méchant de ma part. (…) C’est la première fois que cela m’arrive (NDLR : être expulsé je pense). M. Vautrot peut regarder son règlement : une faute réciproque doit être équitablement répartie, s’il m’appelle je le lui ferai remarquer. (…) Je n’ai pas fait preuve de méchanceté, les coupables ce sont les joueurs parisiens autant que moi, Fernandez en premier lieu. Tout le monde connaît son côté chambreur. Lorsque l’arbitre a sifflé, il s’est dirigé vers M. Vautrot et lui a dit : « Sortez Adonkor. » Si ça, ce n’est pas avoir le « cigare », alors qu’est-ce que c’est ? » Reste qu'une nouvelle fois, la Coupe s'est dérobée aux yeux des Nantais : cruelle habitude au cours d'une histoire d'amour vache entre les Canaris et la plus exaltante des compétitions hexagonales...


"Prolongations" :


Impossible d'évoquer cette finale brésilienne, sans avoir une pensée émue pour Seth Adonkor comme le confirme José Touré. "Evoquer la finale 1983 me fait immédiatement penser à Seth Adonkor. On était de grands amis, raconte le héros malchanceux de cette finale, la voix grave. L'amitié, ça ne s'explique pas. Elle se vite. Il y a un courant qui passe, des sentiments qu'on partage, des liens sacrés. Sur le but que je marque ce jour-là à Baratelli, c'est Seth qui me fait la passe décisive, qui me fait un beau cadeau. Il n'est plus de ce monde, mais il est encore vivant dans tant de cœurs. Il y avait aussi Michel N'Gom..." Le Parisien Michel N'Gom et le Nantais Seth Adonkor ont respectivement trouvé la mort le 12 août et le 18 novembre 1984, dans des accidents de voiture. Luis Fernandez rend également hommage à son ancien coéquipier N'Gom. "Parler de cette finale de Coupe de France 1983, c'est à chaque fois le ressusciter. On était trop proches. On avait longtemps habité dans le même immeuble. Il a beaucoup compté dans mon adolescence et mes premières années au PSG. Je n'oublierai jamais son sourire." Tous les acteurs de cette finale (comme du reste les observateurs) s'accordent sur le fait qu'elle fut l'une des plus belles, des plus palpitantes. "Je me rappelle une orgie de jeu, glisse Maxime Bossis, alors immuable libero des Canaris. Ce fut un rencontre colorée, magique. Nous avions gagné le Championnat avec dix points d'avance sur Bordeaux, en ayant la meilleure attaque et la meilleure défense. On pratiquait un football léché, gouleyant (NDLR : gouleyant = agréable, ... C'est un terme habituellement utilisé en œnologie). Nous formions, je crois, la meilleure équipe de l'histoire de Nantes. En finale, pendant une heure, on s'est régalés, on a offert un grand spectacle. On menait 2-1, on ne pensait jamais perdre. Malheureusement, on est tombés dans l'euphorie. (...) A 2-1, on a voulu plier l'affaire. On s'est procuré un paquet d'occasions. J'en ai une grosse. Je me retrouve avant-centre, je tire mais Baratelli s'interpose. Le PSG a profité de nos largesses défensives pour nous cueillir. On est vraiment tombés de haut. Mais c'est beau de perdre comme ça !" Pour le côté plus terre-à-terre des statistiques, cette victoire parisienne permit au capitaine du PSG, Dominique Bathenay (qui relevait de blessure, et dut donc sortir en début de seconde période), de remporter pour la 5ème fois la Coupe de France (après ses succès de 1974, 1975, 1977 - les trois avec l'AS Saint-Etienne - et 1982 avec le PSG), égalant ainsi le record de Marceau Sommerlynck (vainqueur en 1946, 1947, 1948, 1953 et 1955 avec le LOSC). Ces deux hommes ont depuis été rejoints au palmarès par le Briviste Alain Roche, également vainqueur du trophée à cinq reprises. Concernant le principal acteur de ce match, José Touré, il inscrivit son nom à ce même palmarès quatre ans plus tard, en 1987, au terme d'une finale remportée 2 buts à 0 avec les Girondins de Bordeaux de Claude Bez face à l'OM de Bernard Tapie...


Cette année 1983 marqua les prémices du football business avec la première entrée en bourse d'un club de football, en l'occurrence les Spurs de Tottenham à la Bourse de Londres. Comme un signe, celui de la fin d'une époque, celui de l'ouverture d'une autre où l'argent serait roi, un tournant que Nantes n'allait pas savoir vraiment bien gérer. D'ailleurs plus de 20 ans après cette finale, malgré deux nouveaux titres de champions et autant de Coupes de France, les Canaris courent toujours après ce maudit doublé...

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