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RetroFoot
23 août 2009

Stanley Matthews, The Wizard of the Dribble (2)

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Comme tous les autres joueurs de sa génération, la carrière de Stanley Matthews fut fortement marquée par la guerre. Dès les premières hostilités, les compétitions sportives furent bien évidemment suspendues. Des championnats régionaux furent alors mis en place tandis que de nombreux joueurs vinrent grossir les rangs de l'armée. Matthews rejoignit la Royal Air Force comme "entraîneur physique" et fut stationné près de Blackpool. Comme les hautes instances militaires considéraient que le football était l'une des rares choses qui pouvait remonter le moral durant la guerre, Matthews, et de nombreux autres, disputèrent de nombreux matchs pour des clubs ... très différents. Il joua bien évidemment pour Stoke City, et le plus souvent pour le club de la ville où il résidait : Blackpool. Il disputa également quelques rencontres sous le maillot de Crewe Alexandra, Manchester United, Wrexham, Arsenal, les Rangers ou bien encore Greenock Morton. Le premier match de Matthews pour son club "adoptif" se déroula fin août 1941 face à Preston North End. Ces années de guerre furent pour le moins prolifiques du côté des Seasiders avec aux côtés de Matthews, par exemple l'attaquant écossais Jock Dodds auteur de 65 buts en 1941/42, et 47 la saison suivante ! En 1942, Blackpool remporta la League North, une performance reproduite en 1943 (puis en 1944) associé d'une victoire en Football League War Cup face à Arsenal 4 à 2 Stamford Bridge. The Star considéra alors que les Tangerines avaient déployé le plus beau football des années de guerre.


En novembre 1945, lorsque le championnat "régulier" était encore suspendu, Arsenal fut une des équipes (avec Chelsea, Cardiff City et les Glasgow Rangers) qui affronta le Dynamo Moscou alors en tournée au Royaume-Uni. Où est le rapport avec Stanley Matthews me dirait vous ? Eh bien, alors que nombre de ses joueurs servaient encore à l'étranger dans les forces armées, Arsenal dût aligner six "guest players" (qui ne jouaient pas habituellement pour les Gunners) pour pouvoir aligner un 11 de départ correct, et parmi eux, Stanley Matthews, mais aussi son jeune coéquipier sous le maillot de Blackpool, Stan Mortensen, ou encore Joe Bacuzzi (qui fit aussi partie de l'équipe de Chelsea lorsqu'elle affronta ces mêmes Moscovites). Sous un fog londonien pour le moins dense qui ne refroidit pas les quelques 54 000 spectateurs présent ce jour-là à White Hart Lane, le match vit la victoire finale des Soviétiques 4-3 alors qu'Arsenal menait 3-1 à la mi-temps. Lorsque les championnats traditionnels furent restaurés au début de la saison 1946/47, Stanley Matthews retourna naturellement à Stoke City. Mais ses relations pour le moins tendues avec le manager Bob McGrory (*), que l'on a dit jaloux de la popularité de Matthews, firent germer des rumeurs de transferts. Dès Octobre 1946, on annonçait un transfert de la star de Stoke à Blackpool pour un montant à cinq chiffres... Finalement, après de nombreuses discussions et des protestations de la part des fans de Stoke, Stanley Matthews s'engagea en Mai 1947 pour les Seasiders. Le transfert se chiffra à 11 500 £. Le manager de Blackpool Joe Smith avait demandé à Matthews avant sa signature s'il pensait pouvoir (étant alors âgé de 32 ans) jouer encore quelques années. Une interrogation depuis devenue célèbre et bien cocasse lorsque l'on sait que Matthews ne mit un terme à sa carrière professionnelle que près de deux décennies plus tard !


La nouvelle attraction locale fit ses débuts en championnat lors du premier match de la saison 1947/48, une victoire 3-0 à domicile face à Chelsea. Une époque dorée s'annonçait alors pour Blackpool, certainement les plus belles pages de l'histoire des sociétaires de Bloomfield Road. De ce premier match à son départ en 1961, il devint la star et la principale attraction des Tangerines qui allaient atteindre 3 fois en 6 ans la finale de la FA Cup. De plus, le club fut à plusieurs reprises durant les années 50, l'équipe la plus populaire à ... l'extérieur avec une moyenne de 47 686 spectateurs en 1950/51, 40 604 en 1954/55 et 42 594 en 1955/56. Combien de pères n'amenaient alors pas leurs fils voir jouer Blackpool et principalement ce magicien du ballon rond qui égayait la grisaille anglaise par ses éclairs de génie sur son aile droite ? Pour que leurs rejetons puissent dire plus tard qu'eux aussi ils étaient là, ils avaient vu jouer le meilleur joueur anglais de sa génération, voire même de plusieurs... En 1948, Matthews remporta le Prix de Footballeur de l'Année (décerné par la Football Writer’s Association), tout nouvellement créé. Cette même année, il avait atteint avec Blackpool la finale de la Cup face à Manchester United. Malgré l'ouverture du score de Mortensen pour les Tangerines, Manchester s'était imposé à Wembley 4 à 2 grâce, entre autres, à un doublé de Jack Rowley. En 1951, Blackpool atteint à nouveau la finale de la FA Cup pour une nouvelle défaite 2-0 (doublé de Jackie Milburn) face à Newcastle. Cette même saison 1950/51, les Seasiders finirent également 3ème en championnat, derrière Tottenham et Manchester United.


Côté Three Lions, dans les premières années de l'après-guerre, l'Angleterre possédait certainement une des meilleures lignes d'attaque de son histoire. Les buts pleuvaient et les combinaisons entre Stanley Matthews, Stan Mortensen, Tommy Lawton (Notts County), Wilf Mannion (Middlesbrough) et Tom Finney (Preston North End) étaient particulièrement dévastatrices. Ces cinq-là contribuèrent notamment à la fameuse victoire 10-0 face au Portugal à Lisbonne ou encore au 4-0 infligé l'année suivante à l'Italie sur ses terres à Turin. Ce match est à l'origine d'une anecdote amusante sur le compte de Stanley Matthews. Avant de tirer un corner, Matthews s'essuya les mains sur son short avant de se remettre ses cheveux en place rapidement. Le public crut alors que Matthews avait été assez culotté pour sortir un peigne de son short et pour se recoiffer. Une méprise qui ne fit que renforcer l'image de gentleman donnée par Stanley Matthews. La compétition pour une place à la pointe de l'attaque anglaise était à l'époque très exacerbée. Carter, Langton, Shackleton, Milburn et autres Pearson purent eux aussi montrer leurs qualités sous le maillot national. Parfois, même Matthews n'était pas un choix automatique des sélectionneurs qui pouvaient lui préférer Tom Finney, lui aussi très performant au poste d'ailier droit. Mais l'Angleterre ne jouait jamais aussi bien que lorsque Matthews occupait l'aile droite et Tom Finney l'aile gauche. En 1950, la sélection anglaise prit part à la première Coupe du Monde de son histoire au Brésil. Une première annoncée triomphale qui tourna au désastre... Stanley Matthews ne participa qu'à un seul des trois matchs lors de ce cours séjour brésilien. Il prit part au dernier match soldé par une défaite au Maracanã face à l'Espagne 1-0 avec un but de Telmo Zarra. Cette défaite faisait suite à une autre, plus humiliante encore, survenue à Belo Horizonte, où les Anglais avaient perdu sur ce même score face à une équipe américaine plus ou moins amateur. Ce retour précoce à la maison ne permit pas à Matthews d'exprimer l'étendue de son talent sur la scène internationale. La suite de sa carrière n'allait guère plus lui donner l'occasion de briller lors d'un Mondial. Etrange paradoxe surtout au vu de la longévité de sa carrière...

(*) McCrory préférait aligner George Mountford plutôt que Matthews, demandant à ce dernier d'aller faire ses preuves avec la réserve, après que les Potters aient remporté une série de 5 victoires consécutives en l'absence de leur "star" blessée.

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Commentaires
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Merci bien pour les compliments. La suite et la fin des articles sur Stanley Matthews et Béla Guttman devraient arriver sous peu si j'ai le temps.
A
Superbe travail. Très intéressant et très bien documenté. Bonne continuation !
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