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RetroFoot
26 août 2009

'27 : The Cup was let out of England

cardiffarsenalcup


CARDIFF CITY


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ARSENAL


arsenaloldfc


En 1927, Winston Churchill était Chancelier de l’Echiquier au sein du gouvernement conservateur de Stanley Baldwin. Le premier service téléphonique transatlantique était mis en place : l'appel de 3 minutes coûtait 15 £. Charles Lindbergh entrait dans la légende en reliant New York à Paris d’une seule traite sur son Spirit of Saint Louis tandis que Staline prenait le pouvoir en URSS après l’exclusion du parti Bolchévique de Trotski. Babe Ruth devenait le premier joueur à frapper 60 home runs en une saison et en Angleterre, Newcastle remportait ce qui reste à ce jour son dernier titre de champion loin devant Huddersfield Town. Une autre époque certainement, riche en exploits en tout genre, en premières historiques et en anecdotes savoureuses… Sur le plan sportif, le 23 avril 1927 fit date puisque, situation ubuesque, la FA Cup prit, pour la première et jusqu’à maintenant, unique fois, la direction du Pays de Galles après la victoire de Cardiff City devant Arsenal, 1 à 0. Un drôle de paradoxe qui faisait se demander au Sunday Mirror, dans un article tinté de cet humour pince-sans-rire typiquement anglais, comment l’Angleterre avait bien pu perdre sa propre coupe au profit du Pays de Galles. Auparavant, un autre club « étranger », en l’occurrence écossais, était parvenu en finale de la coupe d’Angleterre : le Queen’s Park FC de Glasgow. A la toute fin du XIXème siècle, les Spiders avaient par deux fois été défaits par les Blackburn Rovers : 2-1 en 1884 et 2-0 l’année suivante. Cardiff City s’était également hissé en finale lors de l’édition 1924/25, seulement battus par Sheffield United sur la plus petite des marges, 1-0, but de l'international anglais Fred Tunstall. Déçus mais forts de cette expérience unique à Wembley, les joueurs gallois s’étaient alors promis d’y revenir…


La campagne de FA Cup 1927 démarra à domicile pour Cardiff, avec la réception d’Aston Villa, battus 2-1. Les Bluebirds allèrent ensuite s’imposer 2-0, à l’extérieur, du côté de Darlington. Le vrai test eut lieu au tour suivant avec le déplacement à Bolton, tenant du titre. Afin de préparer cette rencontre au sommet, les Gallois se rendirent au Royal Birkdale Golf de Southport, une préparation effectuée sous les yeux d’un spectateur bien particulier puisqu’un petit chat noir suivait les entraînements de près. Intrigués de retrouver ce chat quelque soit le jour et l’heure où ils décidaient de s’entraîner, les joueurs chargèrent un des leurs de retrouver le domicile de l’animal. Hughie Ferguson fut désigné. L’intéressé s’acquitta avec succès de cette tâche, mais persuada le propriétaire de laisser l’équipe adopter le chat en guise de mascotte. Si Cardiff atteignait la finale, deux tickets seraient attribués au propriétaire, qui accepta cet insolite marché. Le chat resta donc au sein de l’équipe et devint le porte bonheur du club. Il prit le nom de Trixie et fut présent dans son panier, tant lors des matchs à domicile au Ninian Park de Cardiff que lors de tous les déplacements des Bluebirds. Un porte bonheur efficace puisque face à Bolton, les Gallois ne tremblèrent pas, éliminant les Wanderers grâce à une éclatante victoire 2 buts à 0. Face à Chelsea, lors des quarts de finale, deux matchs seront nécessaire aux Bluebirds pour se qualifier. Un premier se solda par un 0-0 à Stamford Bridge puis le « replay » fut gagné à Cardiff dans la douleur 3 buts à 2. La victoire face à Reading, 3-0, sur terrain neutre (à Wolverhampton) n’est plus qu’une formalité pour des Bluebirds qui s’ouvraient de nouveau les portes de Wembley et de la grande finale, cette fois-ci contre Arsenal, néophyte à ce niveau de la compétition. Quant au propriétaire de Trixie, il fit naturellement partie des 91 000 heureux bénéficiant d’une place pour cette finale, sur près de 300 000 demandes de tickets.


Feuille du match : Cardiff City - Arsenal 1-0

But : 
Cardiff : Hughie Ferguson (74e). 

Lieu : Londres, Wembley (Empire Stadium) 

Date : 23 Avril 1927 

Arbitre : M. W.F. Bunnell 

Affluence : 91 206 spectateurs 

Composition des équipes : 

Cardiff : Tom Farquharson - James Nelson, Tom Watson, Fred Keenor (cap.) - Tom Sloan, Billy Hardy, Ernie Curtis - Sam Irving, Hughie Ferguson, Len Davies, George McLachlan. Entr.: Fred Stewart.

Arsenal : Dan Lewis - Tom Parker (cap.), Andy Kennedy - Alf Baker, Jack Butler, Bob John - Joe Hulme, Charles Buchan, Jimmy Brain, Billy Blyth, Sid Hoar. Entr.: Herbert Chapman.
 


Le Match :


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Arsenal se présentait en grandissime favori de cette finale, retransmise pour la première en direct à la radio par la BBC. Désormais entraînés par Herbert Chapman, entraîneur couvert de gloire depuis ses succès avec Huddersfield Town (deux titres de champion consécutifs précédés d’une Cup), les Gunners avaient terminé deuxième du championnat lors de la saison 1925/26 et n’avaient guère tremblé pour atteindre la finale lors de cette édition 1927 de la Cup hormis un huitième de finale délicat face à Port Vale (2-2, puis 1-0 lors du match d’appui). Rendez-vous fut donc pris le 23 avril 1927, qui ironie de l’histoire correspondait au St George's Day, fête du saint patron de l’Angleterre. Le déroulement de cette finale semblait tout écrit mais comme souvent les choses ne se déroulèrent pas comme prévues. De l’avis de tous, cette finale ne fut pas brillante et la qualité du football déployé ce jour-là à Wembley n’atteignit pas des sommets. La balle resta cantonnée le plus souvent au milieu de terrain. De chaque côté, les attaquants peu inspirés n’arrivaient pas à déstabiliser des défenses bien organisées, ne mettant pas beaucoup les gardiens à contribution. On s’ennuyait ferme dans les tribunes : les Gunners et les Bluebirds se neutralisaient, pour la plus grande tristesse des supporters. Néanmoins, dans le dernier quart d’heure de jeu, le destin vint s’en mêler et donner un peu plus d’éclat à ce match besogneux. Touche jouée par Keenor pour Cardiff, la balle à McLachlan qui passa à Ferguson. L’Ecossais était connu pour sa grande précision dans les tirs de loin. Il tenta sa chance. Sous la pression de Davies, le gardien des Cannoniers se coucha sur la balle... qui lui échappa et fila le long de la ligne. La balle avait-elle rebondi sur son coude, son bras, son poignet ? A qui donner le but : Ferguson, Davies qui semblait avoir effleuré le ballon au passage, ou le pauvre Lewis contre son camp ? La seule certitude réside dans le fait que le but était bel et bien valable, et logiquement accordé par l’arbitre M. Bunnell. Poussant désespérément dans les dernières minutes, Arsenal se créa vaguement un semblant d’occasion. Les Londoniens ne reviendront pas au score. La Cup avait choisi son vainqueur et le capitaine Fred Keenor put recevoir le trophée des mains du roi George V. La parade manquée par Lewis alimentera longtemps les discussions dans les pubs de Londres. Le portier gallois, accusés par certains d’avoir favorisé volontairement ses compatriotes, rejettera la faute sur son maillot en laine, flambant neuf, et selon lui trop glissant ce qui ne lui avait pas permis d’attraper correctement la balle. Il est de tradition depuis à Arsenal de laver les maillots des gardiens avant qu’ils ne soient portés pour la première fois pour éviter pareille mésaventure… 


"Prolongations" :


Dès le lendemain du match, Hughie Ferguson fut crédité du but victorieux, et les Gallois furent fêtés à leur retour au pays comme des héros. Tout Cardiff avait en effet pu suivre l’exploit de l’équipe à la radio, notamment grâce aux enceintes installées dans Cathays Park. Scènes de joie et soirées bien arrosées s’ensuivirent. Un film commémorant cette victoire fut même tourné pour être diffusé dans les divers cinémas du pays. Les Gallois auraient eu tort de s’en priver : après cette victoire historique, la Coupe repartira dès 1928 en Angleterre, du côté de Blackburn, et ne quittera plus jamais le pays par la suite. Une victoire unique pour des héros aux destins, pour le moins, atypiques ! Le portier, Tom Farquharson, que la rumeur désignait comme un membre de l’IRA, portait toujours sur lui un pistolet. Ernie Curtis, le benjamin de l’équipe du haut de ses 19 ans, fut fait prisonnier lors de la Seconde Guerre Mondiale par les Japonais durant quatre ans. Len Davies, meilleur buteur de l’histoire du club (avec 148 buts inscrits sous le paletot des Bluebirds), dont on se souvient plus pour le but … qu’il ne marqua pas ! En effet, lors de la dernière journée de championnat en 1923, Cardiff devait battre Birmingham City pour remporter le titre et obtint un penalty dans les dernières minutes de la rencontre. Davies s’avança mais manqua la cible. Le match se termina sur un score nul et vierge et le titre revint à Huddersfield Town, grâce à une moyenne de but supérieure de 0,024 buts à celle des Gallois : 1,818 contre 1,794 ! Le championnat le plus serré de l’histoire du football anglais qui serait revenu aux Gallois si l’on avait départagé les deux équipes à la différence de buts ou au nombre de buts marqués. Et que dire de Billy Hardy, un des grands milieux gauches anglais de son époque, qui n’évolua jamais pour les Three Lions en raison de la réticence de la fédération anglaise à sélectionner des joueurs n’évoluant pas dans des clubs anglais… Hardy resta malgré tout fidèle à Cardiff, jouant le dernier de ses 585 matchs pour l’équipe première à l’âge de 41 ans en 1932. Une autre anecdote, lors de son arrivée au Ninian Park, en 1911, la situation financière de Cardiff était si catastrophique que c’est le manager Fred Stewart (arrivé en même temps qu'Hardy de Stockport County), qui dut payer l’indemnité de transfert (qui ne se montait heureusement pour lui qu’à 25 £) de sa poche.


Cerise sur le gâteau, Cardiff City signa la plus belle saison de son histoire en remportant également le Charity Shield quelques semaines plus tard, face aux London Corinthians, 2-1 à Stamford Bridge. L’heure de gloire pour le club gallois qui ne tarda pas à sombrer… Après une belle 6ème place lors de la saison 1927/28, le club termina dernier l’année suivante et fut donc relégué. Les Gallois sombrèrent même en D3 en 1931 après un exercice calamiteux ponctué de seulement 8 victoires en 42 rencontres ! Les résultats décevants à répétition poussèrent, en mai 1933, l’historique manager Fred Stewart vers la sortie après 22 ans de fidélité. A l’opposé de son adversaire d’un jour, le destin d’Arsenal après cette finale perdue en 1927 fut jalonné de succès avec cinq championnats et deux coupes ramenés à Highbury dans la décennie suivante grâce au génie novateur d'Herbert Chapman. Les plus grands succès des Bluebirds sentent désormais la naphtaline tandis qu’Arsenal fait, de nos jours, encore les grands titres des journaux. Quant à Ferguson, le fameux buteur de Wembley, il fut transféré deux ans plus tard à Dundee pour cause de blessures à répétitions. Hughie, héros déchu de la finale mythique de 1927, supporta mal de ne plus tenir le haut de l’affiche. La dépression dans laquelle il plongea ne l’aida pas vraiment à retrouver le chemin des buts. La foule des spectateurs ne reconnaissait pas celui qu’ils attendaient comme un buteur efficace. Il ne marqua que deux buts et fut rapidement écarté de l’équipe pour manque de forme. Au début de l’année 1930, miné par la disparition de sa scoring touch, il fut retrouvé mort au pied de la tribune principale de Dens Park, l’enceinte de Dundee. Suicide par asphyxie au gaz à l’âge de 33 ans. Symbolique, dramatique ! Certains superstitieux laissent désormais entendre dire que Trixie, le petit chat noir, était diabolique et qu’il faucha précocement Ferguson en échange du but de la victoire à Wembley...

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