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18 novembre 2006

Ferenc Puskás : L'Adieu au Major Galopant (3)

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Certes, Ferenc Puskás fut sans doute un des plus grands joueurs de l’histoire de Honvéd et du Real Madrid mais il ne faut pas oublier qu’il fut surtout le meneur d’une des plus fameuses équipes de tout les temps : la Hongrie des années 1950. Comme nous l’avons vu, il débuta sous le maillot hongrois en 1945 face à la Hongrie avant de devenir très vite un titulaire indiscutable. Entre 1950 et 1956, les Hongrois de l’entraîneur Gusztav Sebes disputèrent 55 matches et ne concédèrent qu’une seule défaite, ô combien cruelle. En 1952, la Hongrie dispute le tournoi olympique en Finlande. A Helsinki, Puskás et ses coéquipiers vont montrer toute l’étendue de leur talent avec un bilan de cinq victoires en cinq matches, de vingt buts marqués contre deux encaissés. Ferenc marquera quatre buts dont le premier but de la finale remportée 2 à 0 face à la Yougoslavie. Après avoir difficilement battu la Roumanie au premier tour (2-1), les Hongrois passèrent à la vitesse supérieure. Ils éliminèrent l'Italie au second tour 3-0, écrasèrent la Turquie pendant les quarts de finale 7-1, et crucifièrent la Suède en demi-finales sur le score de 6-0. En finale, face à la Yougoslavie, Puskás ouvrit le score en marquant son quatrième but du tournoi avant que Czibor ne complète le succès hongrois 2 à 0. Un premier titre majeur pour l’équipe nationale magyare qui avait jusqu’alors comme référence une finale de la Coupe du monde 1938 perdue à Colombes face à l’Italie 4 buts à 2 du temps où les héros s’appelaient György Sárosi ou autres Gyula Zsengellér. Après être devenue championne olympique en 1952, l’équipe en or hongroise allait marquer l’histoire l’année suivante en 1953 en devenant la première nation non britannique à faire chuter sur son terrain l’orgueilleuse Angleterre. En ce 25 novembre, Ferenc Puskás montra à la face du monde toute l’étendue de son talent en inscrivant un doublé avec en prime un but phénoménal : râteau du droit, puis frappe croisée du gauche imparable. Un joueur anglais indéterminé avait osé déclarer au sujet de Puskás, avant le coup d'envoi "Regardez le petit gros là-bas. On va les massacrer". Bien mal lui en a pris puisque outre le doublé de Puskás, Nándor Hidegkuti inscrivit un triplé et József Bozsik y alla également de son but pour un 6-3 final à l’allure de déroute pour les suffisants sujets de sa Gracieuse majesté. Après ce formidable succès, l'Aranycsapat continua sur sa lancée. 6 mois plus tard, le 23 Mai 1954, la Hongrie accueillit l'Angleterre au Népstadion (désormais appelé … Puskás Ferenc-Stadion) de Budapest pour une revanche de l'affront de Wembley. Cette rencontre tourna à la déroute pour les Anglais. Comme s’ils ne voulaient laisser aucune place au doute, les Hongrois leurs infligèrent une nouvelle punition (7-1 avec des doublés de Ferenc Puskás, Sándor Kocsis et des buts de Mihály Lantos, József Tóth II et Nándor Hidegkuti), un score qui reste encore à l'heure actuelle comme la pire défaite de l'histoire de la sélection anglaise.


Avec ce nouveau succès, les Hongrois étaient logiquement présentés comme et les grands favoris de la Coupe du Monde 1954 en Suisse. Personne n’imaginait alors que le titre puisse échapper aux Hongrois. Un statut confirmé par un début de compétition en grande trombe : victoires 9-0 contre la Corée du Sud et 8-3 contre la RFA au premier tour. Malheureusement au cours de la rencontre face aux Allemands, Puskas fut blessé sévèrement par le défenseur de la Mannschaft Werner Liebrich, auteur d’une véritable agression sur le maître à jouer magyar. Sans leur capitaine, les Hongrois atteignirent tout de même bon gré mal gré la finale grâce à deux victoires 4-2 sur le Brésil et l’Uruguay (jusqu’alors invaincu en phase finale de CdM). Une finale qui allait se révéler tragique pour cette grande équipe... La Hongrie retrouve la RFA en finale au Stade Wankdorf de Berne. Puskás n’est pas vraiment rétabli mais il ne veut rater à aucun prix cette apothéose programmée. Sur une jambe et demie, il ouvre le score dès la 6ème minute. Czibor double score deux minutes après. La Hongrie mène déjà 2-0. Pourtant, elle va perdre. La pluie incessante, qui alourdit le terrain, le ballon et ralentit le jeu, avantage les Allemands et nivèle les différences techniques entre les deux équipes. La RFA réussit le tour de force d’inscrire trois buts par Max Morlock (10ème) et Helmut Rahn (18ème et 84ème). Les Magyars ne seront jamais champions du monde et Ferenc Puskás ne connaîtra jamais cette consécration suprême. Sa carrière terminée, il avouera : « Il ne pouvait pas m’arriver quelque chose de plus graver sur un terrain de football que cette finale perdue. Et il ne pouvait rien m’arriver de plus merveilleux que la victoire à Wembley huit mois plus tôt. » Quelques mois plus tard, les tanks de l’armée rouge pénétrèrent dans la capitale hongroise, Puskás et quelques autres passèrent à l’ouest, et la Guerre Froide finit de brouiller le sort de la majorité des membres de cette grande équipe de Hongrie. L’exil du Honvéd et de Puskás marqua la fin prématurée de sa carrière internationale sous le maillot hongrois. Sa dernière sélection pour son pays natal, il l’obtint le 14 Octobre 1956 face à l’Autriche lors d’une victoire 2 buts 0 où bien sûr il inscrivit un but. Quoi de plus normal pour un joueur qui en 85 matches matchs avec la Hongrie totalisa la bagatelle de 84 buts, soit une moyenne ahurissante de 0,99 buts/match ! Bien plus tard, lors de son exil en Espagne, il obtint la nationalité espagnole et fut sélectionné à 4 reprises pour la Selección. Il fit ses débuts sous le maillot espagnol à un âge déjà bien avancé lors d’un match de qualification pour la CdM 1962. C’était le 12 Novembre 1961 à Casablanca face au Maroc. L’Espagne s’imposa 1-0 avant de faire match nul au retour à Madrid (sans Puskás cette fois-ci) et de se qualifier pour la CdM au Chili. Le « Hongrois » participa aux trois matchs de l’Espagne au pied des Andes. 3 matchs à Santiago du Chili conclu par une victoire et deux défaites et une élimination dès le premier tour de la compétition. C’est ainsi que c’est terminé la deuxième carrière internationale de Ferenc Puskás après 4 matchs sous les couleurs espagnoles sans avoir inscrit le moindre petit but. C’est certainement bien le seul impair parmi les statistiques de ce géant du football mondial.


Au terme de sa carrière de joueur, il devint entraîneur et écuma de nombreux clubs sur tous les continents : Vancouver Royals, Colo-Colo, l’AEK Athènes ou encore South Melbourne Hellas... Son plus grand fait de gloire reste d’avoir emmener le Panathinaïkos en finale de C1 en 1971. Une finale perdue 2 buts à 0 face à l’Ajax de Cruijff, Neeskens et Michels devant 83 000 spectateurs regroupés dans le stade de … Wembley. D’ailleurs (légende ou réalité ?) l’on dit que lors des discussions concernant son contrat d'entraineur, Puskás demanda, en guise de boutade, combien il toucherait s'il parvenait en finale de coupe d'Europe. Les dirigeants grecs, le prenant au mot, ajoutèrent un paragraphe à son contrat lui promettant une énorme prime dans ce cas de figure. Cependant dans l’ensemble, après l’apogée de 1971, la suite de sa nouvelle carrière d’entraîneur sera moins heureuse malgré quelques titres comme le championnat de Grèce (remporté avec le Panathinaïkos et avec l’AEK Athènes) ou le quelque peu moins prestigieux championnat d’Australie (avec South Melbourne Hellas), ce qui ne ternira évidemment pas la formidable image de celui fut l’un de plus grands joueurs de tout les temps. En 1979, son grand ami József Bozsik décéda d’une crise cardiaque mais à son grand regret il ne put se rendre à son enterrement, toujours considéré comme un déserteur par l’armée depuis son départ en 1956. Il dût attendre 1981 pour pouvoir remettre les pieds à Budapest. Au début des années 1990, il assura même un intérim, sans grand succès certes, comme sélectionneur de sa chère équipe de Hongrie. Lui, l’idole de tout un peuple, le symbole des plus grandes heures du football magyar. Souffrant de la maladie d'Alzheimer depuis plusieurs années, il était resté le même, proche du gamin malicieux qui tapait la balle dans les rues de Kispest dans les années 1930. C’est donc le plus grand joueur magyar de tous les temps que pleure depuis hier toute la Hongrie en même temps que l’homme qui dans un sens refusa l’oppression communiste. Un joueur au pied gauche magique, au sens du démarquage hors du commun, à la technique remarquable, l'un des derniers héros des années 1950/60, une légende tout simplement...

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